Aussi volontaire que soit notre voiture, impossible d’y embarquer quatre bambous frôlant les 2 mètres, siège auto sur la banquette arrière en prime. Après un séjour forcé d’une semaine à la pépinière, le temps était venu d’aller chercher notre futur écran de verdure. Coup de fil à mammy Poupousse. Chic, elle accepte de nous prêter son char d’assaut pour le transport. N’empêche, une fois sur place, le doute s’insinue. Renforcé par la vision d’un amas tentaculaire de Phyllostachys aurea s’approchant cahin-caha sur un chariot de fortune. Et cette question: « Vous avez une remorque, au moins? ». Le temps de bénir l’inventeur du rouleau cellophane et voilà les quatre protégés entassés tant bien que mal. J’ai une faiblesse pour les voitures transformées en pépinière ambulante!
Pourquoi un Phyllostachys aurea? Pour répondre à quatre attentes ciblées: nous voulions un bambou susceptible d’être planté en pot, exposé en plein soleil, résistant au gel et offrant un écran de verdure efficace.
De fait, l’espèce Phyllostachys aurea se caractérise par des touffes denses au feuillage très fourni, dès la base. S’étirant sur 6 à 9 mètres, ses chaumes vert pâle tournent au jaune s’il est exposé au soleil. Son principal signe distinctif? Les noeuds comprimés à la base de certaines cannes.
Résistant au gel jusqu’à -18°, il n’en apprécie pas moins une fine couche de feuilles séchées à son pied, tout aussi efficace pour retenir l’humidité que pour le protéger des grands froids. Au passage, coupons l’herbe sous le pied à un mythe: les bambous n’apprécient que modérément d’avoir les pieds dans l’eau. Certes, un manque d’arrosage leur serait fatal, mais un bon drainage est indispensable, sous peine de voir pourrir les rhizomes. Pensez à tapisser le fond du pot de billes d’argile (en vente en pépinière). Pour l’arrosage, comptez une séance par jour, voire deux en cas de sécheresse. Un indice: les feuilles se recourbent? Il est temps d’intervenir. Question engrais, il aura une préférence pour les azotés. A défaut de disposer d’un engrais spécifique, celui pour… géraniums pourra donc convenir. A utiliser sans modération durant le printemps et l’été.
EN PLEINE TERRE
Parfait en pot, le Phyllostachys area pourrait également être exploité en pleine terre: touffe isolée, bosquet, haie libre ou taillée. Espacez alors les pieds de 1, 80 à 2,20 mètres en massif; de 1 à 1,40 mètre en ligne. Théoriquement, le bambou peut se planter à n’importe quelle période de l’année. Toutefois, afin de favoriser la reprise des racines et d’améliorer ses chances de traverser le premier hiver sans dommage, privilégiez les mois qui séparent janvier de juin.
Dans un sol très argileux, il vaudra mieux ajouter la valeur d’un sac de terreau universel de 45 litres et 2 seaux de sable du Rhin (ou du sable grossier mélangé à la terre de jardin). Surfacez le sol avec un paillis épais de 15 cm d’écorces (pin, épicéa…). Attention, si vous ne souhaitez pas qu’il s’étende de façon excessive, il sera judicieux d’installer une barrière contre les rhizomes. Comme les autres bambous du même genre, il est « traçant », c’est-à-dire qu’il a tendance à étendre sa superficie en fonction du type de sol (très traçant en sol sableux, beaucoup moins en sol argileux).
L’hiver, n’oubliez pas de nettoyer les espèces dépassant les 3 mètres. Trois types de tiges seront coupées: celles ayant dépéri au cours de l’année, desséchées du sommet à la base et dépourvues de feuilles; celles mal constituées, peu esthétiques ou trop rachitiques. Enfin, pour les adeptes de la récup’, celles susceptibles d’être exploitées en tant que tuteurs, âgées de 3 ou 4 ans et suffisamment dures. A noter que certains sites affirment qu’à la fin de l’hiver, les bambous nains (pas le Phyllostachys, donc) pourront être fauchés au ras du sol. Ils en ressortiraint plus beaux et plus fournis. Mais nous n’avons pas eu l’occasion de tester!
La plante se multiplie par division de touffe au printemps. Elle n’a pas de maladie particulière, mais peut être attaquée par les pucerons, les acariens ou encore les cochenilles.
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