28 juin 2003, 15h. Deux « oui » francs fusent de la maison communale. Nous nous engageons pour la vie. Heureux, profondément heureux. Et suffisamment fous pour quitter les lieux en tandem. Un trajet magique vers une nouvelle vie, cheveux au vent (le coiffeur était prévenu!). La veille, la répétition générale avait bien démontré quelques couacs de coordination, mais qu’importe, le jour J nous pédalions à grand braquet vers ce village que nous espérions déjà habiter un jour. Là où étaient conviés les plus proches parmi les proches, avant les agapes nocturnes en d’autres lieux.
Nous y avions passé des heures à s’échiner sur les grilles du portique d’entrée. Décaper. Poser l’anti-rouille. Gris, c’est beau. Une couche. Pas assez. Deux couches. Pensées morbides envers l’inventeur des motifs fleuris. Viendrait le tour de la véranda, elle aussi mangée par la rouille. La prairie, qui allait nécessiter d’incessants aller-retour de Phil, armé de sa seule débroussailleuse pour balayer plus d’un hectare de terrain.
Ce mariage serait champêtre ou ne serait pas. Dont acte. Fanfan allait se lancer dans l’accueil fleuri des invités. Sur les tables, les bouquets de mammy Poupousse feraient merveille. Restait à secouer ce jardin de curé dont le principal atout était la roseraie. Qu’ils étaient tristes, ces parterres vierges de mauvaises herbes… et de tout signe de vie suite aux pulvérisations successives (eh oui, déjà à l’époque).
Trop d’espace dans ce jardin, il fallait canaliser les énergies. Je me concentrerais donc sur l’embellissement de l’entrée. Ravigoté, ce coin de terre brûlée s’auto-proclamerait « parterre du mariage ». Une expression restée dans notre vocabulaire actuel quand mon homme propose un coup de main pour l’arrosage ou me glisse un mot gentil sur l’harmonie des couleurs. Seulement, Fanfan, elle y effectuait ses débuts de jardinière. La règle des petites fleurs à l’avant et des grandes derrière, j’avais compris, heureusement. Mais bien des vivaces ont déménagé vers d’autres cieux en quatre ans. Trop peu volontaires, aux floraisons ne s’étalant pas suffisamment sur la saison… Et surtout, force à en faire une vitrine des nombreux coups de coeur rencontrés en jardinerie, ce parterre virait patchwork de mauvais goût. A bon entendeur, voilà qui semble être l’erreur de tout débutant!
Bon anniversaire, mon amour.
De gauche à droite, de haut en bas: croix de Malte/croix de Jérusalem (lychnis chalcedonica) et coreopsis grandiflora (‘Sonnenkind’); digitale; sauge des bois (salvia nemorosa ‘Blaukönigin’) et coreopsis; oeillets blancs (‘Albus’) et rouges (dianthus deltoïde); sauge des bois et oeil-de-boeuf (buphthalmum salicifolium)