Après les jours coup de blues, les colères parfois, une constatation s’impose: je l’aime, mon village! Certes, je l’aurais rêvé plus vallonné, moi qui me retrouve en plat pays. Plus boisé aussi, lui qui n’est qu’étendues champêtres. La ferme en carré sise dans un village de pierre bleue sera pour une autre vie. Et pourtant…
Pourtant, jeudi dernier, cinq scaroles nous attendaient sur le perron de la maison. Blotties entre un bambou et le nain Treuleuleu (Treu-Treu pour les intimes), à l’abri du froid. Un cadeau de Papaul le jardinier? Etrange, son point de chute est plutôt la véranda, à l’arrière de la maison. Le jeu de piste sera abrégé le lendemain, à l’abri de bus. Nounours, toujours aussi matinal, surgit de sa maison pour m’annoncer que notre sonnette est en panne. C’est donc lui, le marchand de bonheur.
Rarement vu homme aussi gentil. La petite soixantaine, un potager que le village lui envie, courbé en deux au-dessus de ses légumes de l’aube à la tombée de la nuit. Le roi de la débrouille aussi. Flash-back.
La semaine passée, telle soeur Anne ne voyant rien venir, j’attendais désespérément mon bus. Quand surgit un camion poubelles, à grands renforts de klaxon. Pas les gros lourds qui ne peuvent voir une jupe sans s’agiter, non. Simplement, dans ce coin du Hainaut, après une Ducasse et un repas moules partagés, tout le monde se salue. Et l’éboueur n’est autre qu’un des porteurs du géant Dodol.
Klaxon donc, grand bonjour (j’en viens à me demander s’ils ne vont pas m’embarquer jusqu’à la gare!) et… arrêt du camion-benne cinquante mètres plus loin. Devant la maison dudit Nounours. Lequel se pointe avec des Jupiler. Quelle santé, ça rigole pas dans le coin! Non, pas pour moi, merci, je vais quand même tenter de rallier Bruxelles avant 10 heures. Echange rapide de deux poubelles remplies de feuilles mortes déversées incognito dans le broyeur. Emballé, c’est pesé. Poignées de main viriles et ça repart. Jusqu’au prochain ravitaillement?
Un vrai plaisir de lire cette note, tu me fais rêver, tu ne sais pas à quel point…
Ici personne ne se salue et s’il arrive qu’un voisin vienne me parler, c’est pour râler contre mes arbres.
Il me va falloir supporter ça encore quelques années …
Heureusement que je lis ces petites chroniques pour m’empêcher de devenir comme eux !
J’aimerais bien t’avoir comme voisine.
Et le Pays des Collines est si proche…
Chez moi, non plus c’est pas vraiment l’ambiance, bonjour-bonsoir et cela s’arrête là !!!
merci pour la belle petite chronique..
chez moi ça va peut être pas jusque là, mais c’est sympa quand même , entre voisins, aussi bien côté jardin que côté rue.. on se prend les colis l’un de l’autre , on s’arrose les jardins durant les départs en vacances, on se nourrit le chat dont les maîtres vadrouillent..on se parle, on se résout des problèmes de murs mitoyens pas en très bon état..
et pourtant , on est chacun chez soi.. mais avec un oeil,.., non pas curieux, mais en veille, au cas où..
malheureusement, ..pas de légumes frais du jardin sur le pas de la porte..
personne n’a de potager dans notre coin de ville..
mais quand même parfois, par dessus le mur du jardin, quelques muguets, quelques jonquilles, quelques framboises.., passent de main en main.. et c’est bon..
on entend à travers le mur le sénior qui répète son violon..pas parfait, mais on l’attend, cette musique, qui revient à heure régulière..etr on se dit: progrès?
de l’autre côté , c’est du piano.. du beau..du vrai..
et si parfois, le ton monte et que le ciel passe à l’orage dans la discussion , voire la dispute,entre les murs qui se touchent, ..la discrétion ..reste « de mise », comme aux Marquises..( cfr chanson de jacques Brel)
pas mal quand même pour un quartier de « bourges », comme on dit..?